Le temps avait passé dans la vie de nos survivants. Le désert était impitoyable mais personne n'avait encore perdu espoir et parfois ici et là, on trouvait une petite fleur au milieu du désert. Une petite fleur qui malgré la chaleur, malgré la terre infertile, malgré les changements brutaux de température entre le jour et la nuit avait trouvé à s'ouvrir, à s'épanouir sur cette terre la refusant. 

Notre petite fleur du désert à nous se nommait Pyris. Malgré les affres du désert et, grâce à l'acharnement de son père, elle avait grandi, était devenue une enfant plus indépendante et beaucoup moins pleurnicharde, rendant le sommeil à sa famille. 

Contrairement à sa sœur, elle était studieuse, assidue, appréciant le travail que fournissait son père pour lui apprendre à lire, écrire et compter. D'ailleurs, pour son âge, elle était très avancée et Homère s'était vite rendu compte que rapidement il ne pourrait plus rien lui apprendre. Elle ne rechignait cependant pas à la lecture et était même friande des savoirs du passés. Elle n'avait même aucune idée de venir de ce même passé dont elle adorait les livres et connaissances. 

Il était étonnant de voir que cette enfant, née dans le désert et, malgré tout très studieuse, très curieuse, était loin d'être la représentation de l'enfant idéale. 

La petite fille avait très vite découvert sa partie animale et plutôt que de la refréner avait choisi de l’exhiber. Hyndra demandait souvent à Homère ce qui arrivait à sa sœur. Elle même avait eu beaucoup de poil durant son enfance et avait commencé à les épiler seulement lorsque la Famille le lui avait demandé mais il ne lui semblait jamais avoir eu de griffes ou de crocs. Même si elle gardait son instinct de protection envers la petite fille, elle craignait que quelque chose de grave ne se profile pour elle. 

Pourtant, ni Homère, ni Hyndra n'osait aller demander à la petite fille ce qui lui arrivait, pensant le sujet glissant. 

Cela étant, Pyris n'était pas la seule à avoir radicalement changé. Homère commençait lui aussi à se fatiguer. Il avait fini par abandonner l'idée de raser sa barbe ou d'entretenir ses cheveux alors qu'il n'arrivait même pas à juste prendre une douche. Sa chemise commençait à tomber en lambeau, son pantalon commençait à prendre la couleur du sable et il avait finalement dû jeter ses chaussures, trop abîmée pour continuer le chemin avec lui mais, en mémoire de son âme sœur qui les avait choisi, il refusait d'en changer. 

Aujourd'hui était un jour particulier pour Homère. Aussi abandonna-t-il, non sans lui dire, Pyris à ses devoirs pour retourner au terrain discuter avec son aînée.

Hyndra continuait de porter les vêtements que la Famille apportait, en signe d'allégeance. Elle n'avait jamais laissé repousser ses cheveux depuis qu'on les lui avait tondu, de peur qu'on lui redemande de les abandonner.

Homère commença, un petit peu tendu: 

Homère: On devrait s'asseoir près du feu pour parler. On sera plus à l'aise. 

Ils s'installèrent donc. Hyndra alluma leur feu de camp, sous le regard amusé d'Homère. Elle s'assit ensuite et le regarda, attend avec impatience ce qu'il voulait lui dire. Il était rare qu'il se sépare de Pyris, la petite ayant bien plus friande de savoir qu'elle ne le serait jamais. 

Homère: Je.. Il avait beau s'être préparé la veille, il avait du mal à trouver ses mots. Je ne suis pas sûr que tu sois très au courant de la relation que j'avais avec ta maman. 

Et il lui raconta toute l'histoire, du moins tout ce qu'il en savait. 

Une fois qu'il eut fini de raconter toute son histoire, Hyndra prit le tisonnier et commença à méthodiquement réduire les bûches déjà bien abîmée par le feu en petit copeau pour mieux les centrer et ne pas risquer d'accident. Elle resta un instant silencieuse, laissant à Homère le temps de s'interroger sur le fait de la laisser seule un moment. Il s'avait que l'adolescente appréciait que les choses soient simples et aussi décida-t-il donc de ne pas bouger. Il se mit à observer le feu, appréciant le crépitement rassurant des flammes. 

Au bout d'un moment, elle parla: 

Hyndra: Tu n'es donc pas mon père. 

Elle s'arrêta. Il ne dit rien, la laissant finir ce qu'elle comptait dire. 

Hyndra: Je vois. Je ne suis pas vraiment surprise, compte tenue de nos différences. Je vais retourner chasser, tu devrais retourner voir Pyris. 

Elle reposa le tisonnier, prit une poignée de sable pour éteindre le feu puis partit en marchant en direction du désert. 

Pendant que ses aînés parlaient de leur côté, Pyris avait rencontré une autre petite fille, une petite fille de Communauté. Si l'enfant n'était pas un animal social, elle savait néanmoins discuter avec qui pourrait lui apporter de nouvelles connaissances. Elle se demandait ce que la communauté apprenait à ses enfants. 

Alors qu'elles discutaient, Pyris comprit vite ce que la Communauté enseignait. La petite fille en face d'elle resta à la regarder dans les yeux sans émotion durant toute la conversation. Elle semblait loin d'être pleine de vie, à se demander comment elle avait pu atterrir dans l'école du désert avec ses parents. A aucun moment, elle ne s'interrogea sur les crocs et les griffes de la petite fille, fit preuve de la moindre curiosité pour quoi que ce soit. 

La discussion poliment écourté, Pyris repartait dans ses livres.

Si les insectes venaient à manquer dans le désert, Hyndra remarqua vite que leur prédateur commencer à proliférer. A croire que la crise n'était pas la même pour tout le monde. 

Elle avait donc commencer à proposer une autre sorte de nourriture à sa famille, ce qui n'était pas pour leur déplaire. La viande d'oiseau avait un bien meilleur goût que la viande d'insecte. 

Et ce ne serait pas Pyris qui irait contredire la chose, elle ne supportait juste pas de manger des insectes, qu'elle trouvait répugnant. Il était donc devenu régulier qu'elle s'absente durant les nuits pour trouver rongeurs ou lézard à dévorer. Elle était bien plus douée que Hyndra pour ça. 

Lorsque Pyris avait commencé à demander un peu plus d'indépendance, Homère n'eut pas d'autre choix que de s'approcher de la ville pour demander une tente ou même un sac de couchage pour la petite fille. Il n'avait trouvé que méfiance, ils ne donnaient qu'à ce qui arrivaient, et seulement lorsqu'ils arrivaient, et à ceux faisant parti de la Communauté. 

Aussi, Homère avait dû se lancer dans un projet ambitieux, qu'il estimait assez réussi, compte tenu de ce avec quoi il avait du travailler. Il avait construit un abri, un lit et même un coffre à jouet, que Hyndra avait décoré dans les couleurs favorite de l'enfant. Elle avait été celle ramenant les draps, le matelas et les jouets. 

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